21 - 23 juin 2013 / Championnat d'Europe des coursiers à vélo / Berne - Lorraine

La ville de Berne était à l’heure européenne ce 3^ème week-end de juin. La capitale accueillait deux événements majeurs : les championnats d’Europe de VTT et de Trial mais surtout les championnats d’Europe des coursiers à vélo. Passionné de vélos cramponnés depuis toujours et coursier à vélo depuis 17 mois, impossible de manquer ça! 

Dilemme estudiantin

L’aventure démarre par un trajet en train depuis Lausanne en fin d’après-midi, divisé entre l’envie d’étudier le plan de quartier pour la course du lendemain et celle de réviser un dernier (ou plutôt premier) coup en vue du dernier examen le lundi à venir. La première option l’emporte finalement assez largement…

Footdown

Une fois la capitale ralliée, premières retrouvailles et découverte du fameux quartier de « Lorraine », aux allures de parc d’attraction. Alors que la session « Trackstand » bat son plein, je suis en repérage avec la carte du parcours. Suit un déplacement en masse dans la ville. Le temps d’un « Footdown » (coince-coince pour les francophones) sur une grande place et la joyeuse troupe met le cap vers une colline lointaine dans la campagne bernoise.

De mon côté, je mets la flèche pour la « Bundesplatz » afin de suivre les épreuves VTT de « XC Eliminator ». Le public a répondu présent mais le parcours est décevant, de quoi rester sur sa faim. Heureusement, quelques rencontres réjouissent l’atmosphère puis Joz et Claudio me rejoignent pour partager un repas tardif sur une table sous un ciel plutôt menaçant.

Retrouvailles

Départ pour l’Altenbergstrasse et l’appart' de Claudio qui va servir de base pour le week-end. Dépose du fardeau avant de regagner à nouveau le secteur de Lorraine pour retrouver d’autres coursiers. Quelques bières, mais pas d’abus, la fatigue des examens et autres courses des semaines passées invitent une certaine retenue quand bien même certains se dirigent vers la Reithalle…

Plan de jeu fixé sur le cintre 

Vers 8 heures ça roule déjà un peu dans les ruelles, tandis que le réveil prend des allures de corvée pour les motivés de la veille. Petit-déjeuner et encore quelques repérages des petites subtilités d’un parcours, plutôt tortueux. Ce dernier comporte 12 « checkpoints » différents qui correspondent aux endroits où nous prenons en charge et déposons les objets confiés précédemment.

 Le circuit sur lequel nous évoluons est bien entendu fermé à la circulation et le sens de cette dernière est majoritairement unidirectionnel. Néanmoins, il faut prendre garde aux nombreuses intersections et autres distraits badauds… Les sauvetages sur le fil n’ont pas manqué. Si la gestion du trafic de type unidirectionnel s’avère intéressante d’un point de vue sécuritaire, impossible par contre de rebrousser chemin en cas d’oubli de checkpoint ou d’erreur à un carrefour. De plus, en cas de non-respect des règles, la disqualification peut être prononcée.

Avant le début des qualifications, un bon briefing lance définitivement le championnat. Le départ pour la course de qualification se déroule individuellement. Chacun ayant une heure « butoire » pour partir. Deux manifestes (liste de livraisons à accomplir) sont à honorer pour cette manche qui fait office de sélection en vue de la « main race » de l’après-midi. Seuls les 40 plus rapides seront retenus.

Attente au checkpoint

Malgré quelques fautes, des sensations plutôt bonnes pour cette découverte d’un nouveau format de course qui demande de gros efforts cérébraux afin  de faire les meilleures livraisons combinées pour économiser watts et secondes. Un rythme de pédalage élevé et de belles prises d’angle dans les courbes ont tenté de compenser mon inexpérience dans la gestion des « pick-up » et « drop ». Au terme 1 heure 20 de course, la casquette est trempe de sueur et les mollets sont tiraillées par de petites crampes mais les deux manifestes sont enfin validés. 

Attaque "à la corde"

Une bonne grande assiette, servie par une organisation irréprochable, est digérée en compagnie d’autres coursiers tandis que les derniers élancés finissent leur pensum. Si quelques concurrents se détachent dans le tableau, les écarts sont relativement serrés. Avec un temps « exact » de 83 minutes, me voilà 24^ème de la liste mais surtout qualifié pour la « main race » prévue en fin d’après-midi.

Récup' post-qualif' avec la communauté Vélocité

Fatigués et assommés par la chaleur, une partie d’entre nous regagne la demeure de Claudio afin s’offrir une sieste réparatrice. Retour à Lorraine sur le coup des 16 heures 30 où ça fourmille dans tous les sens, énormément de monde et pas des coursiers uniquement. Le charmant quartier en a profité pour organiser une foule d’animations parallèles si bien qu’une ambiance familiale et communautaire « habillent » les rues étriquées du site.

Les prétendants au titre

Une belle photo aérienne des candidats participants à la « main race » est capturée et immortalise de belle manière ces « ECMC 2013 ». Après le crépitement des flashes, de nouvelles instructions quant au déroulement de la course sont délivrées aux coursiers par le grand chef Lucchi. Le parcours reste identique à l’exception d’une « walking zone » qui devient « roulable ».

Briefing!

La course démarre de façon originale puisque le peloton, massé derrière un solex, réalise un « tour de chauffe » sur la moitié du parcours. Une fois arrivé dans « l’avenue principale », la bécane motorisée met la flèche et le rythme bondit. Le premier manifeste, enroulé dans un élastique, est alors saisi « au vol » et analysé à vive allure avant le prochain carrefour.

 GO!

La première tâche de mon manifeste oblige à sortir une sangle pour fixer un carton encombrant. Le ton est donné. Malheureusement, après une erreur de lecture, on me refuse une livraison. Raison invoquée : je dois faire tamponner préalablement mon manifeste dans un autre checkpoint. La perte de temps s’avère relativement conséquente.

ça relance!

Conscient des « plumes » perdues, j’en profite pour prendre un max de plaisir en exploitant les « trous de souris », en relançant et cabrant ardemment et en réalisant quelques « appel contre-appels aériens » pour faire clamer le public.

 Checkpoint "Holzlabor"

L’atmosphère est purement incroyable, aucune autre course n’a jusque-là réussi à me procurer une telle excitation et proximité. L’ambiance aux checkpoints, bien que parfois stressante, est à la fête comme au « Holzlabor » où il faut franchir un petit ponton en bois, de même qu’à celui de Groupe Net accessible uniquement par un toboggan en tube métallique !

Hiah!

Les pièces à livrer se révèlent également farfelues. Voici une liste des différents objets confiés durant l’épreuve :  jeu de cartes, rayons, carte postale, longue baguette souple (à livrer en un morceau), magazine, cintre à habits, petites fleurs synthétiques, ballon gonflable (à gonfler), carton, tube cartonné, moyeux, moulage dentaire, boîte à film photographique…

Checkpoint "Velokurier Bern", la centrale des coursiers bernois

Au fil des kilomètres, la fatigue se fait sérieusement sentir et la chaleur entame nos dernières réserves hydriques. Heureusement, l’assistance de luxe des coursiers permet de recevoir un bidon d’eau revigorante en cas de besoin. Malgré tout les jambes manquent peu à peu de puissance. Les nombreuses rampes d’escaliers pour accéder à certains points de contrôle n’attendent qu’à soustraire les derniers signes de vitalité des forçats du bitume.

Le bureau de course

Le 3^ème manifeste est enfin délivré au centre de course. Après un contrôle des « stampels », on me confie un 4^ème manifeste ! Cool, la partie continue et je me situe en bonne place puisque seuls les 20 premiers bénéficient de ce « privilège ». Imposé parfois, ou organisé par bloc, l’ordre des courses est cette fois totalement libre. Il faut réaliser les « combos » les plus fous, si bien qu’on en arrive à plus vraiment savoir à qui on doit livrer quoi, le sac étant « remplis » d’objets… Sans compter que la lucidité joue toujours à cache-cache.

 Next job?

Mais le feeling est très bon et les sceaux d’encre frappent la feuille sans relâche. Un dernier « stampel » au checkpoint « Blackyard » pour boucler la fiche. Je démarre sur un « mmh interessante » d’un bénévole. Serais-je en bonne posture ?

 Arrivée en trombe dans le cour du bureau de course ! Hélas trop tard pour espérer prétendre à poursuivre la partie puisque les 10 premiers ont déjà chipé les manifestes N°5. Le « jeu » s’arrête là après 2 heures de grosse intensité, que ce fut bon ! Les plus véloces, quant à eux, poursuivent pour l’obtention du titre européen.

Finalement, chez les gars le zurichois Martin Brunner l’emporte devant Raph de Vélocité et l’allemand de Freiburg Hannes Schmid, Chez les filles, la lutte a été âpre jusqu’au dernier pick-up. Joz Reitzel de Vélocité gagne avec une poignée de secondes devant la bâloise Ursula Schneider et la locale Céline Peng.

Le podium de ces ECMC 2013

La suite tient en deux mots : « Carpe Diem ». Une soirée d’anthologie à boire, manger, partager dans une ambiance bon enfant ! Chistole! Seule une rupture de stock alimentaire nous a obligé à quitter momentanément le quartier pour « réveiller » la gare au son de nos roues libres et nos estomacs affamés.

Mention excellent pour l’organisation bernoise qui nous a encore choyé le lendemain matin sur le coup des 11 heures avec un brunch appétissant plein de produits frais. Un must ! C’est donc pleinement requinqué que j’ai suivi l’Aare avant de « m’offrir » une sèche montée chargé de mon gros sac pour atteindre la colline du Gurten. Au sommet de la bosse, le contraste avec « Die lorraine Stimmung » est saisissant. Sur cette verte plaine d’autres batailles européennes s’y sont tenues, mais celles-ci les médias vous les ont déjà suffisamment ressassées…

Place désormais à la grande réunion mondiale à Lausanne.

Salutations, cheers!

Emmanuel, votre coursier

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Credit photos: Dominique Metz, Sam Buchli, Martin Binchsel, David Haberthür

Liens photos:

http://www.flickr.com/groups/2212905@N24/

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+ d'infos: ECMC 2013